
Lors d’un point de presse tenu ce jour à l’Église Presbytérienne du Cameroun dans la ville de Yaoundé le 68e Modérateur de l’Assemblée Générale de l’Eglise Presbytérienne du Cameroun a exprimé son intention de s’engager dès demain dans une série de déplacements pastoraux cruciaux pour l’avenir de la communauté chrétienne locale. Ces voyages, selon lui, visent à renforcer les fondations de l’Église et à initier une réforme profonde, indispensable pour sa survie.
Depuis l’année 2023, l’Église est confrontée à des crises successives de leadership. Le Rev Pasteur Tjomp souligne que le malaise ne vient pas tant des fidèles que du refus, au sommet, d’écouter «l’appel profond» de la base chrétienne. «Ce sont ces chrétiens, souvent relégués dans l’ombre, qui constituent pourtant l’ossature de l’Église. En leur absence, les luttes de pouvoir perdent toute légitimité» explique-t-il.
Il a également évoqué un problème majeur qui entrave le bon déroulement de l’EPC. «les textes fondateurs de l’Église, hérités des missionnaires américains en 1957, sont aujourd’hui obsolètes. À cette époque, l’Église comptait 10 consistoires et 3 synodes ; aujourd’hui, il y en a 40 et 8 respectivement. Pourtant, les anciens textes continuent d’être imposés aux communautés, générant incompréhension et frustration, surtout chez les jeunes pasteurs qui évoluent dans un environnement numérique très différent».
Fort de trente années de travail sur ces sujets, le Rev. Pasteur Tjomp estime avoir réuni assez de données et d’expériences pour ouvrir un dialogue lucide avec ses pairs. Il appelle à une Église en paix, consciente que cette paix ne peut se construire sans compréhension mutuelle.
Avec une image saisissante, l’homme d’églyse compare les chrétiens de base au “fonds monétaire international de l’Église” : les plus humbles, ceux qui marchent en babouches, seraient selon lui les véritables dépositaires de la fortune divine. Leur mise à l’écart affaiblit la structure toute entière. L’écoute et le respect sont donc essentiels dans le chantier de réforme envisagé.
Enfin, il appelle à revaloriser les relations avec les hauts responsables de l’Église, souvent engagés au niveau national. Alors que les réseaux sociaux facilitent la mise en cause publique de ces personnalités, il invite à plus de respect et de cohérence dans les échanges. “Nous avons besoin de personnes capables d’aider et de soutenir notre Église. Cela ne fait pas de sens que ceux qui attendent des secours soient les premiers à les discréditer.”
À partir de demain, le Rev. Pasteur Tjomp Jacques René entamera une tournée dans les structures de formation théologique, notamment à Foulassi et Bibia à Lollodorf, pour remettre les diplômes aux étudiants, dont plusieurs sont déjà appelés au ministère pastoral. Ce parcours de terrain s’inscrit dans le cadre d’une initiative qu’il appelle “la caravane de la paix et de la réforme”.