Les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Agriculture en décembre 2024 révèlent une réalité préoccupante : 3,08 millions de Camerounais sont en insécurité alimentaire, dont 265 314 en situation critique. Cela représente 11% de la population, un chiffre en hausse de 180 000 personnes (+6,2%) en un an, malgré la mise en œuvre du programme Piisah. L’objectif d’autosuffisance alimentaire semble s’éloigner.
Une production en nette recul
Les performances agricoles et agroalimentaires du pays ont connu une forte baisse. Après une hausse de 6% en 2022, la production totale de viande et d’abats comestibles a chuté de 32,2% en 2024, atteignant 347 900 tonnes contre 459 840 tonnes deux ans plus tôt.
Le secteur halieutique n’est pas en reste : la production de poissons a reculé de 17,3%, passant de 230 000 tonnes en 2023 à 190 273 tonnes en 2024. De manière encore plus inquiétante, seules 9 500 tonnes de poissons ont été produites localement, alors que le gouvernement avait annoncé 150 086 tonnes l’année précédente.
L’échec de la filière avicole
L’industrie avicole montre également des signes de faiblesse. En 2024, seulement 95 501 tonnes d’œufs de table ont été produites, contre 123 100 tonnes en 2023, soit une baisse de 28,8%.
Des importations toujours en hausse
Contrairement aux objectifs fixés par le gouvernement visant à réduire le déficit de la balance commerciale, les importations ont augmenté au troisième trimestre 2024. Selon les données des Douanes, elles s’élèvent à 1 120 milliards de Fcfa, contre 1 071 milliards de Fcfa en 2023 sur la même période.
Malgré les efforts entrepris, la stratégie d’import-substitution semble loin d’être une solution miracle. La dépendance aux importations reste forte, et les défis liés à l’autosuffisance alimentaire demeurent entiers.
Par Henri Kouam
